P. Moreau (Xtrem Runner, partenaire Diagamter) : « Tout est accessible à qui veut bien l’entreprendre »

19/06/2018

Toujours au rendez-vous de l’extrême depuis 15 ans (Antarctique, Namibie, Égypte, Death Valley, Alpes), Philippe Moreau, le marathonien de l’impossible, s’attaque au record du monde de traversée de l’Australie (à partir du 16 septembre prochain).

Il nous explique comment il prépare ce nouveau défi, dont Diagamter est partenaire, et partage des chemins pour permettre à chacun d’aller au bout de ses propres rêves.

 

Pourquoi ce nouveau challenge de traversée de l'Australie ?

J’aime remplir ma vie de souvenirs intenses, mais je me suis aperçu que je ne détenais pas de record du monde dans l’Ultra. J’ai alors regardé les records à battre, et j’ai d’abord pensé que c’était trop copieux, trop dur, trop cher pour moi… Ce qui était exactement ce contre quoi je luttais depuis toujours.

En cherchant les « pourquoi » de ces « excuses », j’ai trouvé les « comment » parvenir à les dépasser. Ce qui faisait beaucoup de choses à changer… Je croyais avoir atteint mes limites, mais comme l’affirme l’explorateur Jean-Louis Etienne, « On ne repousse pas ses limites, on les découvre ». Ses limites, on ne peut les trouver seul, il faut toujours un déclencheur.

Comment vous êtes-vous alors organisé ?

Pour la première fois de ma vie, j’ai pris un coach, Philippe Leclair, qui a accompagné plusieurs équipes de France aux Jeux Olympiques, pour travailler ma posture de course et le mental. Il a commencé par me dire que j’étais mauvais… A 56 ans, après tout mon parcours, ce n’était pas facile à entendre !

J’ai donc changé bien des habitudes : ma façon de me nourrir, de dormir, de boire, de courir… Un boulot titanesque que j’ai entrepris en m’entourant de spécialistes, comme Rémy Hurdiel pour la gestion du sommeil, un chercheur qui a travaillé avec de grands navigateurs, ou encore Philippe Lecuyer, ostéopathe des gymnastes de l’équipe de France, pour travailler sur la mécanique du corps.

Serge Girard, ancien détenteur du record en 1999 et référence mondiale de l’ultra en étapes, me fait l’amitié d’intégrer mon assistance technique en Australie, ce qui m’apporte un luxe XXL !

Comment vous êtes-vous entraîné ?

Depuis un an et demi, je cours 20 kilomètres tous les jours, avec une sortie plus longue – jusqu’à 50 kilomètres - ou une double sortie – matin et après-midi - le week-end. Mon corps doit comprendre sa nouvelle normalité physique. Il me faut courir quotidiennement de longues distances sans que cela ne me ruine la journée. L’an dernier, j’ai couru 6000 kilomètres, et cette année, déjà 2800 kilomètres.

Je me teste aussi sur des épreuves, progressivement plus difficiles. Bien qu’étant extrêmement fatigué, j’ai d’abord réalisé le tour de la Guadeloupe, soit 320 kilomètres en quatre jours. J’ai ensuite couru 105 kilomètres en une journée, en 14 heures 15. Puis j’ai couru la même distance durant 3 jours d’affilée, ce qui a engendré des problèmes physiques, et donc la recherche de solutions pour les éviter à l’avenir.

Dimanche, je m’engage dans la MiL’KiL, une course de Saint-Malo à Sète. J’ambitionne de faire le parcours en 9 jours et demi, dans les mêmes conditions qu’en Australie avec des bivouacs en camping-car. L’objectif de ce dernier test est de finaliser les réglages, de peaufiner les séquences, de caler les temps de pauses.

 

Où puisez-vous l'énergie pour de tels défis ?

Cela répond à ma philosophie de vie : alimenter mon album personnel de souvenirs incroyables, de projets et de moments intenses, car la vie est trop courte pour en gâcher un seul instant.

Ces défis correspondent aussi à mes logiques de motivation : plaisir, envie, croyance. Même si ça va « piquer », j’ai un plaisir terrible à faire ça, j’y crois comme un fou et j’ai la certitude absolue que j’irai au bout de mon projet !

Comment chacun peut-il réussir à atteindre ses propres rêves, qui lui apparaissent souvent trop grands pour soi-même, sans caler parfois dès les premières marches ?

Mon leitmotiv est simple : tout est accessible à qui veut bien l’entreprendre. Je cherche à m’enlever toutes les peurs qui peuvent interférer avec mes projets. A commencer par celles qui sont culturelles : j’ai coupé radio, télé et ne lit plus la presse écrite pour m’épurer des peurs qu’on nous inculque dès le réveil.

Autre source de peurs : les personnes qui vous empêchent d’avancer dans la vie, souvent par bienveillance. J’écoute ceux qui me disent de ne pas me lancer dans un projet, je discerne leur point de vigilance – comme la mise en garde pour ma santé – et je mets en place les plans d’action nécessaires pour éviter ce problème - comme prendre soin de moi.

Et quand je ne sais pas comment l’éviter, je consulte ceux qui ont des solutions. Ces personnes ne te donnent pas les clés pour ouvrir une nouvelle porte, mais les clés d’analyse pour creuser le sujet, se rendre les choses plus faciles et ne pas « casser » durant le projet. Écoute, analyse et plans d’actions pour chacune de mes peurs : c’est basique comme mode opératoire, et cela demande un boulot de fou.

La facilité, c’est toujours de se trouver des excuses : trop cher, trop dur, trop lourd… La réussite d’un projet, c’est quand on se met sur sa ligne de départ avec zéro doute en tête, en ayant levé toutes les craintes en amont.

Chaque interpellation que l’on a, possède une réponse.

Quelles valeurs au quotidien aident à accéder à ses rêves ?

Écoute et respect de l’autre, c’est juste la base de tout. Il faut marcher avec lui, plutôt qu’à côté de lui, pour écouter et apprendre.

Le déclic ne se fait qu’avec les rencontres, qu’avec la richesse d’échanges avec l’autre, qui n’est pas forcément une personnalité XXL, mais quelqu’un que l’on estime, apprécie, et qui, par l’intermédiaire d’autres personnes, nous fera rencontrer des gens XXL.

A travers l’écoute des autres, des horizons s’ouvrent devant nous.

Un dernier mot ?

J’ai envie que les 390 collaborateurs de Diagamter, ainsi que ceux de tous mes partenaires, soient derrière moi, de leur faire partager mon défi à travers mes post et mes vidéos. Un journaliste d’une grande chaîne de télévision qui avait réalisé un reportage sur ma course au pôle Nord est aujourd’hui devenu un ultra-trailer. C’est ma plus grande victoire : donner envie aux autres d’aller vers leur propre extraordinaire.

A mes défis, j’ai aujourd’hui ajouté du sens. La traversée de l’Australie servira aussi à récolter des fonds pour un enfant, Thaïs, qui suite à une insuffisance respiratoire à la naissance a besoin d’une machine pour faire de la kiné et faire en sorte que ses muscles et membres ne se raidissent pas. Quand je serai au quatrième sous-sol au fin fonds du bush australien, parce que cela arrivera forcément, repenser à Thaïs me reboostera, me redonnera du XXL dans le moteur humain !

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