P. Moreau (X-Trem Runner) : « Tous ces projets possèdent un point commun : ces entrepreneurs se sont un jour arrêtés pour analyser une situation et trouver une solution écoresponsable »

31/08/2021

Philippe Moreau, le « marathonien de l’impossible », a décidé de « Courir pour la Planète », en réalisant 42 marathons et 42 interviews.

Ces personnalités ont décidé, en matière d’environnement, de passer de la prise de conscience à l’action, à travers des projets industriels ou technologiques, et parfois intimistes, que Philippe Moreau nous fait découvrir.

Ce partenaire Diagamter nous raconte la genèse et le sens de son projet, certaines expériences inspirantes parmi ses rencontres, ce que chaque chef d’entreprise peut réaliser pour aider la Planète ainsi que ces projets déjà en gestation.

Comment est né votre nouveau défi, sous le signe du 42 ?

P. Moreau : Dans un roman fétiche de la culture geek, « Le guide du voyageur galactique » de Douglas Adams, le nombre 42 est la réponse à la question ultime sur le sens de la vie et résout toutes les problématiques. C’est d’ailleurs en référence à cette œuvre que Xavier Niel a baptisé son lieu de formation en informatique d’excellence « l’école 42 ».

2021 était véritablement l’année pour réaliser ce nouveau défi… puisque 2 x 21=42 ! Plus sérieusement, l’an dernier, j’ai profité de la crise sanitaire, durant laquelle j’étais bloqué à la maison, pour lire des ouvrages, regarder des vidéos, notamment liés à l’environnement. J’ai découvert à quel point l’Homme « déglinguait » la Planète Bleue.

Une citation de Denis de Rougemont m’a alors interpelé : « La décadence d'une société commence quand l'homme se demande Que va-t-il arriver ? au lieu de se demander Que puis-je faire ? ».

Depuis trente ans, au moins, on nous affirme, avec toujours plus de véhémence, que la planète va mal. Au mois d’août, il a même plu sur le Groënland… Le temps de la prise de conscience est passé, place maintenant à l’action ! Ainsi est né le projet « Courir pour la Planète », avec 42 marathons et 42 interviews de personnalité présentant leurs projets en faveur de l’environnement.

Quel est le contenu et le sens de votre défi ?

P. Moreau : Avant de jouer les « donneurs de leçon », je me suis demandé ce que j’avais réellement fait en faveur de l’environnement. En 1989, j’ai créé mon entreprise dans le décapage industriel, alors que 850 entités comme la mienne existaient alors déjà. A l’époque, pour caricaturer, les autres acteurs du domaine réalisaient généralement les traitements dans des cuves de produits chimiques au fond d’une cour, pas loin d’une rivière…

En trente ans, mon entreprise est devenue une référence en matière d’écologie, devenant notamment la première dans mon secteur d’activité à n’émettre aucun rejet aqueux, et même le leader de son secteur d’activité.

Il y a trois ans, je l’ai revendue à l’un de mes cadres, William Peronne, d’ailleurs interviewé parmi les 42 personnalités, lequel a pour projet de la faire passer de « responsable » à « respectueuse ». Par exemple, en n’utilisant plus du tout de produits chimiques au lieu des 200 tonnes par an exploitées de manière responsable. Il a le courage de réinventer un business modèle, en choisissant de réduire, dans un premier temps, de moitié le chiffre d’affaires et les effectifs.

Que pouvais-je alors faire aujourd’hui de mon côté ? Je sais courir, tenir des conférences, réaliser des interviews, monter des films… D’où l’idée de « Courir pour la planète », afin de mettre en lumière des gens incroyables, issus de grandes entreprises comme de start-up, qui œuvrent du « bon côté » de la force.

J’ai donc cherché ces personnalités – et elles sont nombreuses ! – qui ont décidé de réenchanter le monde et que peu connaissent. J’ai choisi de les interviewer dans un format de 420 secondes… après un marathon de 42 kilomètres.

En effet, quand on veut changer le monde, la première chose à faire est tout simplement de se mettre en route, de commencer un cheminement, sans forcément savoir où aller, pour pouvoir rencontrer ceux qui vont vous inspirer, vous donner de la matière pour définir votre ligne de conduite. D’où cette démarche d’un marathon avant chaque interview.

Quelles sont les expériences parmi les plus inspirantes en matière de RSE que votre périple vous a permis de découvrir ?

P. Moreau : Yann Santerre, fondateur de l’entreprise Gwilen[1], a imaginé un matériau de construction à partir d’une ressource facilement disponible : les sédiments marins, c’est-à-dire la vase notamment présente dans les ports, dont le volume, considérable, est généralement extrait pour être entreposé dans des lieux affectant l’écosystème. Il fabrique ainsi des tomettes, à froid, sans énergie, à base d’une matière première organique, écoresponsable, l’objectif à terme étant de mettre sur le marché des briques pour le BTP.

Une autre start-up, Zéphyr & Borée[2], dirigée par Nils Joyeux, a constaté que si le supertanker fonctionnait au fuel lourd en dégageant autant de souffre qu’un million de voitures, on pouvait revenir à un mode de propulsion par le vent, avec des voiles sophistiquées. Elle a répondu à un appel d’offres… sur plan, face à des grandes compagnies maritimes, pour transporter les fusées Ariane de leur lieu de fabrication au pas de tir. Elle a emporté le marché ! Leur premier bateau est en construction, je participerai à ses essais l’année prochaine.

Miroslav Sviezeny, co-fondateur de Qarnot[3], a identifié la folle consommation générée par les énormes datas center. Il a choisi de créer de petits datas center, plus faciles à gérer avec de multiples avantages. Tout d’abord, ils récupèrent la chaleur de l’énergie pour refroidir les microprocesseurs afin de chauffer de l’eau et l’utiliser dans un système de chauffage. Ensuite, plus de besoin de climatiseur. Troisième avantage : l’information est décentralisée, et donc mieux protégée. Enfin, les utilisateurs de ses data centers peuvent se targuer de générer un flux numérique vert pour leurs besoins de calculs.

Enfin, Mathieu Lefebvre a fondé Waga Energy en remarquant que les centres d’enfouissement ne recyclaient pas le gaz généré par les déchets ménagers, trop instable, et donc brûlé ou évacué dans l’atmosphère par des cheminées. Cet ingénieur a créé un process, la Wagabox, grande comme un terrain de basket, pour reformater ce gaz et obtenir du biométhane à partir de la dégradation des matières organiques. Suffisamment pour alimenter une ville de 42 000 habitants !

Tous ces projets possèdent un point commun : ces entrepreneurs se sont un jour arrêtés pour analyser une situation et trouver une solution écoresponsable.

On pourra retrouver leurs témoignages à la fin de cette année sur ma chaîne Youtube ou mon site Internet, voire à travers des liens sur mes réseaux sociaux comme LinkedIn, au rythme d’une interview hebdomadaire, durant 42 semaines.

Quels gestes élémentaires tout chef d'entreprise peut-il mettre en place dans son quotidien pour aider la Planète à s'en sortir ?

P. Moreau : Dans son ouvrage, « L’entreprise contributive », Fabrice Bonnifet, directeur Développement Durable du groupe Bouygues, explique notamment que nous vivons dans un tout petit monde et que la croissance infinie est impossible sur un monde fini. La matière dont nous disposons est épuisable.

L’entrepreneur doit comprendre que la croissance doit devenir intelligente, et donc fabriquer de façon cohérente et durable. Tout commence par le consommateur : si chacun se mettait à acheter avec intelligence, non plus pour posséder mais pour utiliser, comme pour la musique en ligne au lieu des CD, l’entreprise produirait avec intelligence.

Un exemple étonnant : les paires de chaussures de sport, pour lesquels 34 matières différentes sont nécessaires pour les fabriquer. La société On running, montée par des passionnés de course à pied, a mis en œuvre la première vente de chaussures par abonnement, baptisée Cyclon. Elle a inventé une matière noble, recyclable à infini pour fabriquer aussi bien les lacets que la semelle ou le revêtement. Une fois que l’on veut changer de paires de chaussure, on la retourne à l’entreprise, laquelle la recycle entièrement et nous renvoie une autre paire.

Responsabilité et humilité deviennent les maîtres-mots dans le business. Comme le cadre à qui j’ai vendu mon entreprise, qui a rendu de nouveau mon affaire attractive, ludique, généreuse.

Tout chef d’entreprise n’a aujourd’hui d’autre choix que de s’arrêter pour regarder comment reconstruire le monde de demain, pour choisir et ne plus subir, vivre plus facilement le changement en cours.

En quoi Diagamter s'avère un partenaire dans la lignée de ce défi ?

P. Moreau : Diagamter est un véritable partenaire, car l’enseigne, en particulier son dirigeant, Guillaume Exbrayat, est impliquée dans le partage, la compréhension d’un projet qui passionne les équipes. On ressent l’envie, au sein du réseau, de faire vivre cette aventure, de la relayer, et ça change tout !

As-tu déjà imaginé ton prochain challenge ?

P. Moreau : En 2022, j’aurai 60 ans. J’ambitionne de traverser l’Europe, en 60 jours, à raison de 60 kilomètres en course à pied par jour, et de planter 60 000 arbres lors de ce périple. Cela représente environ 3 à 4 hectares. Il s’agira d’un verger citadin puis, dans un second temps, d’une forêt de 60 000 arbres, près du siège du Parlement européen à Strasbourg, sur un terrain « presque » déjà réservé. 

Cette forêt primaire sera créée pour favoriser la biodiversité, selon le concept d’Akira Miyawaki, un botaniste japonais : 4 à 5 plants au mètre carré, une trentaine d’espèces sur quatre strates différentes.

Je recherche aujourd’hui un partenaire capable de me fournir les 60 000 plants à tarif négocié, soit un montant de 250 000 à 300 000 €.

Je pense déjà à l’acte 3 de « Courir pour la planète », en traversant la Patagonie et 17 parcs nationaux.

 

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[1] Nom du plus long fleuve breton, dont l’estuaire s’est progressivement envasé suite à la construction d’un barrage dans les années 70

[2] Deux des quatre vents principaux, selon les Grecs

[3] Nom choisi en hommage au père de la thermodynamique, Nicolas Léonard Sadi Carnot, qui avait déjà expliqué cette utilisation intelligente d’une machine

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