Prise de position - Digitalisation : contrainte subie ou nouvelle liberté ?

02/02/2022

Dans un monde aussi digitalisé où l’on connaît vos trajets, vos achats, vos idées philosophiques et politiques, on n’est pas en situation de connaitre votre système de chauffage collectif, sa performance, son ancienneté…

Cela exige désormais une enquête digne de Sherlock Holmes… avec une méthode qui date de Sherlock Holmes !

Place à la digitalisation pour partager la donnée dans un monde plus sécurisant… n’en déplaise aux sceptiques !

Par Guillaume Exbrayat, président Diagamter.

Freins très importants dans l’obtention de résultats

Depuis une décennie, tout le monde ne parle plus de digitalisation que pour ses gains de productivité, la traçabilité et la sécurité offertes… ou les contraintes individuelles, c’est selon.

On pourrait presque finir par perdre de vue les intérêts et bénéfices procurés à ceux qui ont besoin de données. Ce qui questionne le citoyen, le client, l’usager.

Ainsi, dans le diagnostic immobilier, nous vivons un moment particulier dans lequel la digitalisation encore balbutiante du logement conduit à des freins très importants dans l’obtention de résultats dont chacun aura besoin, comme par exemple, pour le Diagnostic de Performance Énergétique, mais aussi pour l’amiante, les installations électriques ou de gaz, et finalement, l’ensemble des diagnostics immobiliers.

Obtenir un modèle thermique fiable

Prenons le rapport entre DPE et digitalisation.

Pour améliorer les résultats du DPE version 2021, plus affinés qu’auparavant, les méthodes de calculs doivent pouvoir intégrer énormément de données qui décrivent les logements.

Une partie de ces données est collectée par le diagnostiqueur lors de sa visite. C’est là une valeur ajoutée essentielle de l’opérateur qui utilise sa compétence et son temps sur place pour décrire techniquement ce qu’il constate visuellement.

Mais pour obtenir un modèle thermique fiable, il faut aussi intégrer des données techniques, non visibles et généralement consignés dans une documentation : système de chauffage dans le collectif, système de construction dans des logements très anciens, descriptions de travaux réalisées parfois sur des décennies…

Force est de constater que le diagnostiqueur ne peut toutes les collecter visuellement. Or, bon nombre de propriétaires ne disposent pas de cette information, pas plus que le syndic de copropriété, qui fait lui-même l’objet d’un turn-over dans la contractualisation.

Résultat : l’historique des travaux se perd.

Une enquête digne de Sherlock Holmes… avec une méthode qui date de Sherlock Holmes !

Le législateur, sans doute, et également le citoyen consommateur… Tout le monde croit que ces données existent de manière digitalisée, sont donc accessibles et peuvent aisément alimenter le calcul du DPE.

La réalité du marché, c’est que dans la plupart des situations, le diagnostiqueur immobilier se trouve face à des demandes de renseignements nécessaires pour lesquels il n’obtient pas de réponse.

Cela peut paraître étonnant que, dans un monde aussi digitalisé où l’on connaît vos trajets, vos achats, vos idées philosophiques et politiques, on ne soit pas en situation de connaitre votre système de chauffage collectif, sa performance, son ancienneté… Cela exige désormais une enquête digne de Sherlock Holmes… avec une méthode qui date de Sherlock Holmes !

Urgent et crucial d’accélérer la digitalisation massive du bâtiment existant

Cette situation est un véritable frein à la délivrance fluide et homogène de DPE dans les immeubles collectifs.

La pertinence du résultat dépend du bon vouloir du propriétaire, du gestionnaire de biens, et du temps qu’ils sont prêts à consacrer à la recherche documentaire parmi des archives datées et finalement peu exploitables.

Il dépend également de l’énergie et de la motivation du diagnostiqueur qui ne peut consacrer un temps déraisonnable à ce travail d’exploitation d’archives qui n’est ni dans sa compétence, ni dans ses honoraires.

Il devient donc urgent et crucial d’accélérer la digitalisation massive du bâtiment existant afin de consigner de manière durable et réutilisable toutes les données que chaque professionnel vient créer et collecter sur le bâtiment.

Normaliser les données numériques… et les faire vivre !

Nous mettrons probablement 5 à 10 ans, à marche forcée, avant d’obtenir des résultats fluides. Cela peut paraître étonnant en 2021, et rend d’autant plus nécessaire cette prise de conscience de l’impérieuse nécessité de digitaliser et prendre en compte la donnée dans le diagnostic immobilier.

Concrètement, cela signifie que le travail du diagnostic immobilier ne peut s’arrêter à la délivrance d’un rapport papier ou d’un fichier PDF, dont le seul et unique but serait de permettre la signature d’une vente ou d’un bail. Il faut normaliser ces données, les mettre à disposition, les faire vivre, les remettre au propriétaire qui les transmettra à son tour.

Le gouvernement porte depuis plusieurs années le carnet numérique du logement. A l’instant où l’on se parle, rien n’est opérationnel et ce sont bien entreprises et clients qui souffrent et gèrent cette problématique.

Nous l’avons bien compris au sein du réseau Diagamter.

Améliorer la performance de nos diagnostics, et de manière induite, la protection et la sécurité des occupants

C’est la raison pour laquelle nous multiplions les interfaces digitales entre nos bases de données et celles de professionnels afin que les données que nous avons collectées soient réutilisables par d’autres professionnels, et à ce jour, sans aucune compensation financière.

Nous avons par exemple créé une interface entre nos outils et ceux des notaires, Genapi et bientôt Fiducial, qui est encore en phase de test.

Nous délivrons à nos clients via des Extranets de la donnée qui peut être aussi elle-même repartagée avec d’autres utilisateurs – acquéreur, locataire, etc. – préfigurant ainsi ce monde digitalisé que nous appelons de nos vœux.

La maquette numérique BIM du logement, que nous réalisons déjà pour des clients sur des opérations d’envergure, viendra un jour dans le logement individuel, la maison comme l’appartement.

Chacun dans l’écosystème du bâtiment et de l’immobilier doit contribuer à cet effort légitime, comme nous essayons de le faire. Cela améliorera, à terme, la précision, la performance de nos diagnostics, et de manière induite, la protection et la sécurité des occupants.

Ce véritable bénéfice procuré par la digitalisation massive du logement, il convient de le saluer, de l’encourager, dans une époque où le scepticisme est souvent adossé à tout acte d’innovation.

Le DPE, c’est bon pour la planète… et la digitalisation, c’est bon pour l’être humain !

Guillaume Exbrayat, président Diagamter.

 

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